Rappel de la théorie: reprise de la page: http://www.ingexpert.com/maintexpert/php_theorie_maintenance__pompier.php
A – Analogie des métiers de pompier et de mainteneur
Il est d’usage dans le milieu de la maintenance de baptiser la « maintenance pompier » une maintenance exempte (ou quasiment) d’intervention préventive. Cette dénomination est utilisée pour l’analogie qui peut exister entre le travail des hommes du feu et de celle des hommes de maintenance. Les pompiers interviennent quand on les appelle suite à un incident : les gens de maintenance qui ne font quasiment qu’intervenir suite à une panne sont qualifiés de « pompiers ».
B – Les limites de l’analogie
Bien entendu, cette analogie n’est pas parfaite. L’homme utilise ses connaissances pour éviter que des incidents ne se reproduisent :
• même les pompiers tentent de limiter leur nombre d’interventions en collaborant avec les propriétaires des sites les plus dangereux à éviter des incendies ou accidents (déplacement de matières inflammables, visites de préventions, etc).
• la réglementation évolue également pour limiter le nombre d’interventions des pompiers.
Discussion: Un choix possible ?
Peut-on encourager un management de la maintenance de type « maintenance pompier » ? La réponse est positive. Autant pour certaines activités, la maintenance doit obligatoirement être maîtrisée (nucléaire, aviation, etc), autant le choix est libre dans d’autres. Il est possible de n’intervenir qu’une fois les pannes constatées :
• Les coûts directs de la « maintenance pompier » peuvent être faibles;
• C’est le cas par exemple pour des production/fabrication où les pannes sont simples et/ou peu nombreuses.
Mais attention, cette approche de la maintenance peut devenir très couteuse par exemple quand on passe d’une activité faiblement à moyennement soutenue à très soutenue. En effet, quand on pousse les équipements (machines, outils, etc) à des cadences plus élevées, les pannes deviennent plus nombreuses et les plannings de production/fabrication sont de plus en plus perturbés. Les coûts directs et indirects de maintenance peuvent augmenter de façon quasi exponentielle, alors même que psychologiquement au moins, les cadences ne semblent pas avoir particulièrement augmentées. De même une organisation de type pompier peut être satisfaisante pour assurer la maintenance d’un certain nombre d’équipements, mais dès que ce dernier augmente de façon importante, elle peut s’avérer inefficace (par exemple pour les historiques: à partir d’un certains nombre d’équipements, il faut les enregistrer sur un tableur, puis au delà d’un nombre encore plus important, il faut passer à une GMAO. Dans tous les cas, l’organisation doit être adaptée.
Le coût d’une maintenance pompier?
La maintenance pompier s’affranchit de la maintenance préventive : il n’y a pas d’arrêt pour réaliser de la maintenance (ou très peu), ce qui représente des gains directs et indirects de maintenance.
L’envers de la médaille étant que les coûts de maintenance directs et indirects d’une maintenance pompier sont par définition imprévisibles. Comme le type de management associé ne permet pas de maîtriser la situation de la maintenance, les dépenses sont fonction des pannes (coûts directs). Leurs impacts sont plus importants sur la production/fabrication (coûts indirects) que pour tout autre profil de maintenance puisque l’on ne peut prévoir la panne (les arrêts de production/fabrication peuvent tomber en panne à tout moment) et la production/fabrication est perturbée dans son organisation présente mais aussi future (revoir les plannings).
Un exemple
Voici un exemple à la suite d’une entreprise dont l’activité va croître d’un coup, suite à un surcroît de commande par exemple (industrie, TP, etc). Intéressons-nous à l’évolution de la maintenance dite pompier.
Une maintenance pompier dans une entreprise où les machines ne sont pas trop sollicitées (taux de marche de 50 à 70% par exemple : cela dépend fortement de l’activité) peut être une solution de management économiquement viable. Mais si dans cette même entreprise on fait fonctionner d’avantage les machines, la rentabilité de la maintenance pompier est à recalculer. A taux de panne constant des machines (ce qui ne peut être le cas dans la réalité), le nombre de pannes va augmenter (pour un temps de travail ou d’ouverture qui peut être le même) et générer des arrêts imprévus qui vont être difficilement supportables du fait que les exigences de cadences ont augmentées (difficulté pour tenir un planning du fait des pannes perturbatrices). Les réparations s’effaceront plus souvent au profit de dépannage (voir les définitions ici : http://www.ingexpert.com/maintexpert/php_theorie_maintenance__definitions.php ), ce qui génèrera plus d’interventions pour des mêmes pannes et verra les équipement se dégrader et devenir moins fiables. Le personnel de maintenance va quant à lui logiquement être débordé (le dimensionnement des équipes n’est plus adapté à la quantité de pannes), ses interventions vont être plus approximatives et il va faire d’avantage appel à la sous-traitance avec une maîtrise insuffisante des dépenses. En résumé, une Direction peut penser qu’elle va faire d’avantage de profit en augmentant sa production/fabrication tout en conservant les mêmes effectifs : or si le management de la maintenance n’est pas adapté pour permettre d’accompagner ce mouvement, les coûts de maintenance peuvent augmenter de façon exponentielle : c’est assurément le cas quand le management de la maintenance est pauvre, qu’il a par exemple le profil d’une maintenance pompier, avec absence d’un plan de maintenance, de procédures, de modes opératoires, etc.